Mouthiers sur Boëme (16), fouille préventive : carrière et bâtiments gallo-romains
Au Nord du village de Mouthiers-sur-Boëme (Charente), implanté sur un promontoire calcaire dominant la vallée de la Boëme, le lieu-dit de la Croix-Ronde doit accueillir un lotissement aménagé par les colotisseurs Forgeron, Rainard et Brouillet. Des sondages ont ainsi été réalisés à la Croix-Ronde, il y a un an par Emmanuelle Galtié, archéologue à l'Inrap . Ils ont révélé la présence d'un site gallo-romain.
Responsable scientifique du site, Emmanuelle Galtié est revenue sur place le lundi 22 mars avec une équipe de sept autres archéologues pour une fouille plus poussée. « Au regard du patrimoine historique de la commune, il y avait de grande chance qu'on fasse une découverte. Mouthiers est riche en sites archéologiques mais pas encore de la période gallo-romaine. Dans les deux mois à venir, nous allons tenter d'affiner la datation.
Le site se caractérise par la présence de deux zones archéologiques distinctes bien que limitrophes. Le premier secteur, d'une superficie moyenne de 1900 m2, se localise au sud-ouest de l'emprise. Il semble avoir eu pour seule activité, l'exploitation des bancs de calcaire. « Il peut s'agir d'une carrière de référence, précise Emmanuelle Galtié. Il sera alors plus facile de la dater grâce aux travaux de Jacques Gaillard qui supervise ces fouilles. » La carrière va entrer dans le référentiel établi par Jacques Gaillard, collaborateur bénévole au laboratoire du Littoral enseignement et sociétés (Lienss) rattaché à l'université de La Rochelle. L'archéologue est l'auteur de nombreuses publications sur les calcaires de Saintonge, ses caractéristiques et son application au bâti antique régional. « Il a émis un protocole spécifique pour caractériser le calcaire de Mouthiers, indique Emmanuelle Galtié. On ne peut cependant affirmer si l'exploitation du site remonte à l'Antiquité. »
Le second secteur, situé à l'ouest de l'emprise, s'étend sur une surface de 1 500 m2. Il a révélé la présence de plusieurs aménagements dont deux bâtiments, qui pourraient avoir été des temples. « L'un est assez caractéristique de l'époque gallo-romaine, du Ier siècle après J.-C., l'autre est plus difficile à dater », explique Sonia Leconte. « Toutes les hypothèses sont ouvertes, il s'agit peut-être d'un temple privé au regard du contexte géographique ou simplement d'un bâtiment agricole. » Les fouilles ont aussi permis d'identifier l'existence d'une troisième structure, source d'une nouvelle série de questionnements.