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Archéologie poitevine
18 novembre 2012

La Rafle d'Angoulême 8 octobre 1942 racontée par des survivants

 

  Thème(s) : Angoulême et Angoumois   / Histoire   / Guerre 39/45

couverture  nouveauté
Auteur : Benguigui Gérard, Svensen Frank

Format : 14,5x22 cm, 216 pages, 8 de hors-texte

Parution : 4 septembre 2012

ISBN : 978-2-36199-386-3

ISSN : 1167-458X

    

 

Revenu d’Auschwitz, le fils de M. Kaufman me dit y avoir vu mes parents, mes frères et ma sœur. Selon son témoignage, ma mère, mes frères et ma sœur ont été immédiatement gazés et brûlés. Mon père, lui, a vécu trois mois encore en travaillant, puis ses jambes ont lâché et il a été envoyé au four crématoire. Quand j’ai entendu ça, je ne l’ai pas cru. Dix ans encore après, je courais dans les rues derrière un passant que je croyais reconnaître.                                                          Robert Frank

 

Frank Svensen et Gérard Benguigui, les deux auteurs, ont replacé la rafle dans le contexte national – rôle des préfets, vie quotidienne à Angoulême – et international – la montée du nazisme et les crimes de masse, la résistance morale des Églises et des Juifs – ; un contexte en cet automne 1942 où les Allemands pressent les autorités françaises pour mettre en œuvre les opérations destinées à mener à bien ce qui deviendra la « solution finale ». Le 6 octobre, une directive tombe : aux juifs apatrides adultes viennent s'ajouter les juifs belges, hollandais, les enfants nés de parents étrangers mais de nationalité française même si, comme le souligne Serge Klarsfeld dans sa préface, « les chefs de la police nazie ne respecteront pas particulièrement l’exception qui vise les enfants nés de parents étrangers mais de nationalité française qui ne doivent pas être arrêtés. »
Dans la nuit du 8 au 9 octobre 1942, 422 juifs sont ainsi « regroupés » dans la salle philharmonique, aujourd’hui conservatoire de musique Gabriel-Fauré, actuelle place Henri-Dunant, à Angoulême. Le 15 octobre 1942, 389 juifs sont conduits à la gare d’Angoulême puis transportés en train jusqu’au camp d’internement de Drancy, puis vers le camp d'Auschwitz : Adler, Birman, Bloch, Edelmann, Fiszel, Goldberg, Hertz, Kahn, Kapler, Katz, Kawa, Lachman, Lazar, Loeb, Minc, Morand, Nathan, Obst, Poper, Ros, Rosner, Sadel, Tabak, Teller, Wiesel, Wolff, Zaydman... La liste des déportés est intégralement reproduite dans le livre ; elle est inédite, fruit des recherches effectuées par les auteurs et les associations de la mémoire juive. Seules dix personnes reviendront des camps de la mort.

Du côté des survivants : Robert Frank, 13 ans, Henri Zajdenwerger, 15 ans, Denis Erner, 3 ans, et Jeta Sztybel, 2 ans et demi, ensemble, disent l'horreur de la situation qu'ils ont vécue. Robert unique survivant de sa famille, tout comme Henri qui connut les camps et la « marche de la mort », Jeta arrachée des bras de sa mère qui ne revint jamais, Denis caché par des voisins. Ils relatent également les difficultés de « l'après », ce douloureux retour à la vie et à l'espoir.

Du côté des témoins, Hélène Lamberger (la jeune fille à l’étoile jaune qui illumine la couverture, aujourd'hui habitant Dolus-d'Oleron) qui après avoir assisté au départ pour Drancy des juifs enfermés au conservatoire, dont sa tante et sa cousine, traverse avec sa mère la ligne de démarcation, se cachant jusqu'à la fin de la guerre à Aubusson. Ce sont aussi les souvenirs de Jean-Marie Albert, le fils de l'institutrice de l'école maternelle Saint-Pierre (actuelle école Comtesse-de-Ségur) où sont enfermés d'autres juifs, également fils de gendarme ayant participé à la rafle. Se souvenant avec toute la part d'incertitude et d'interprétation que recouvre l'effort de mémoire, son témoignage, rare et précieux, est un don de sa part à l'association juive d'Angoulême.

Des victimes et des témoins, mais aussi des « Justes ». Il est impossible d'évoquer la Shoah sans rendre hommage à ces hommes et femmes qui ont caché, qui un enfant, qui une famille… Et ce, en dépit des lois et des contrôles continus. Pour la plupart, les victimes ont entamé des démarches pour faire reconnaître leurs parents de substitution, leurs amis, les mains qui leur ont été tendues, comme Juste parmi les Nations. Vingt-trois personnes ont ainsi été reconnues en Charente, par l’institut Yad Vashem de Jérusalem : les Vacheyroux qui se sont occupés de Jeta,  les Audoin, les Béraud qui se sont occupés de Denis, Liliane Bloch-Morhange, les Briand, Éliette Cordelier, les Delaby, les Javelaud, Jean Kéruzoré, Marie-Élisabeth Lacalle, Lucie Landré, Laurent Leboutet, les Péraud.

Fruit de recherches et de longs échanges avec des témoins directs et des rescapés, le livre dresse la liste inédite des victimes et surtout donne des visages et des émotions aux noms inscrits sur la nouvelle plaque commémorative qui sera dévoilée lors d'une cérémonie le 8 octobre prochain.

Qu'on lise ce livre, « que l’on regarde cette plaque ! On y lira les noms de ces hommes, de ces femmes, de ces enfants parfois très jeunes et aussi de ces vieillards qui ont été rassemblés le 8 octobre 1942 […] La distance des années n’enlève rien à la portée de cet événement, dont certains, peut-être, ne voudraient pas se souvenir. » Ces mots, d'une dimension spirituelle emplie d'espoir, sont extraits de la postface de Claude Dagens, l’évêque d’Angoulême, membre de l’Académie française. Un livre d’histoire et de mémoire, mais aussi d'actualité comme le souligne Serge Klarsfeld dans sa préface : « Pour le soixante-dixième anniversaire de la déportation des Juifs de France, il fallait renforcer cette mémoire. »

 

Commande de la version papier ou de la version numérique : http://www.croitvif.com/catalogue/collection-temoignages/263-la-rafle-d-angouleme-8-octobre-1942.html

 

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