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Archéologie poitevine
28 janvier 2013

Renée Sznaper ou la mémoire réparée

Loir-et-Cher - Lamotte-Beuvron - Cérémonie
28/01/2013 05:46
Hier matin, la plaque était dévoilée par Yvette Ferrand et Emilie Cornet. Désormais y figure le nom de Renée Sznaper.
Hier matin, la plaque était dévoilée par Yvette Ferrand et Emilie Cornet. Désormais y figure le nom de Renée Sznaper.

Renée Sznaper, 18 mois, fut avec sa mère internée au camp de Lamotte-Beuvron avant d’être déportée. Hier, une cérémonie évoquait ce tragique destin.

Je connais l'histoire depuis très longtemps, j'étais très proche de mon grand-père. Il ne savait pas ce qu'étaient devenues sa sœur et sa nièce. Il les a recherchées. Il a vécu toute sa vie avec leurs fantômes. Il avait l'espoir que Renée ait été sauvée.

Le vieil homme est décédé il y a trois ans. Hier, c'est donc sa petite-fille Emilie Cornet qui, en famille, est venue de Seine-et-Marne, participer à l'émouvante cérémonie qui se tenait à Lamotte-Beuvron, devant la plaque du souvenir du Centre médical des Pins, et ce, dans le cadre de la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de la Shoah.


Installée en 2005 – des décennies de mémoire occultée s'estompent enfin – la plaque comptait le nom de neuf enfants. Tous avaient séjourné plusieurs mois dans l'ancien sanatorium désaffecté transformé en camp. Le 27 juillet 1942, ils seront acheminés vers Pithiviers puis vers Auschwitz, via Drançy où ils mourront gazés. Il manquait un nom, celui de Renée Sznaper, âgée alors de 18 mois. 
Après de longues recherches et des recoupements, Yvette Ferrand, présidente d'honneur de l'association de recherches et d'études historiques sur la Shoah en Val de Loire (Arehsval), à l'origine de la cérémonie, a pu reconstituer le parcours la petite Renée et de sa maman, Berthe, d'origine polonaise. Toutes deux sont déportées sans retour, parce que juives.


Le nom de Renée Sznaper figure désormais sur la plaque. Comme une claque. « Je pars pour une destination inconnue. Ne t'inquiète pas plus. J'ai ma petite avec moi, c'est une consolation », disait, en substance la lettre envoyé

e par Berthe à sa mère. La dernière avant la mort. Un document que le grand-père d'Emilie a gardé sur lui jusqu'au bout. 
Hier, le président du conseil général Maurice Leroy, le député Patrice Martin-Lalande, le maire de Lamotte-Beuvron Alain Beignet, le sous-préfet de Romorantin, Alain Gueydan ainsi qu'Yvette Ferrand et Nathalie Grenon, directrice du Centre d'étude et de recherche sur les camps d'internement dans la Loiret et la déportation juive (Cercil), ont rendu un vibrant hommage à la mémoire de Renée Sznaper, au nom de tous les autres. 


Dans la salle, tous ces mots résonnaient de façon particulière aux oreilles de Léa Goldberg-Attali. Elle aussi fut internée à Lamotte-Beuvron avant d'être sauvée par le maire de Blois Henri Drussy, puis cachée dans la famille Allard, à Blois. « Pierre et Blanchette Allard m'ont sauvée de l'enfer, élevée et chouchoutée. Sans eux, mon nom figurerait sur la plaque », explique celle qui vit en Israël depuis plus de cinquante ans et est venue « en pèlerinage à Lamotte-Beuvron », avec l'une de ses petites-filles, Rachel. 


Léa et Renée se sont connues, elles n'avaient que six mois d'écart. Une photo prise en 1942 les réunit d'ailleurs. « J'ai probablement joué avec elle », explique Léa Goldberg-Attali. 


L'émotion est palpable. Le message est passé : plus jamais ça.

Vanina Le Gall
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