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Archéologie poitevine
7 avril 2013

A Angles, le Roc-aux-Sorciers regarde vers le futur

Vienne-

07/04/2013 05:30
Le centre d'interprétation du Roc-aux-Sorciers : un « spectacle » décrié qui ne trouve pas son public.                      
Le centre d'interprétation du Roc-aux-Sorciers : un « spectacle » décrié qui ne trouve pas son public.

La collectivité locale a décidé de reprendre en direct la gestion du site préhistorique. Mais le déficit du site vient peut-être de raisons plus fondamentales.

Les colonnes du journal ont bruissé ces derniers jours d'une information qui touche un des sites touristiques majeurs du département : la reprise en direct de la gestion du Roc-aux-Sorciers d'Angles-sur-l'Anglin par la communauté de communes des Vals-de-Gartempe-et-Creuse, après plusieurs années de mise en délégation de service public à la société Vert Marine qui gère également d'autres sites du département. L'aveu d'un échec.

Sur le plan de la gestion, le fond du problème est qu'il faudrait une fréquentation annuelle à hauteur de 20 à 23.000 personnes, alors qu'elle s'établit plutôt autour des 15.000 aujourd'hui, pour couvrir l'ensemble des charges. « Mais 15.000 visiteurs, ce n'est déjà pas si mal », assure Geneviève Pinçon, première adjointe au maire d'Angles, en charge des inventaires archéologiques à la sous-direction de l'archéologie au ministère de la Culture, et que beaucoup considèrent localement comme « l'héritière morale » de Suzanne de Saint-Mathurin qui mena une partie des fouilles sur ce terrain dont elle était propriétaire.

" Ce n'est ni Chauvet ni Lascaux "

« Bien sûr, poursuit-elle, ce n'est ni Chauvet, ni Lascaux, mais l'investissement ici a été de 3 M€ alors qu'il est 10 à 12 fois plus important sur ces sites. Des sites qui pourtant, aujourd'hui, s'inspirent de cette formule de " centre d'interprétation " pour leur propre scénographie. Je suis très positive quant à l'avenir du site et à la reprise de sa gestion par la collectivité locale. Ainsi, on saura vraiment quelle en est la réalité économique. » Mais sur place, d'autres sont très critiques et pas vraiment surpris que ce site extraordinaire ne parvienne pas à trouver son public dans un village où passent chaque année plus de 100.000 visiteurs. Professeur de paléoanthropologie à l'université de Poitiers et au Muséum d'histoire naturelle de Paris, le Pr Roberto Macchiarelli est de ceux-là. « Très vite, j'ai dit ce que j'en pensais et je suis parti. Pour le public, le centre rate complètement son objectif. Il n'est pas pédagogique, pas ludique et surtout pas honnête », estime le professeur installé à Angles depuis quelques années et sollicité à la naissance du centre pour participer au conseil scientifique.

" Pseudo-science, pseudo-histoire "

« Comme l'ont écrit Jacqueline Lorenz et Jean-Pierre Gély, eux aussi membres du comité scientifique, on ne peut être " qu'atterrés devant ce spectacle de pseudo-science, de pseudo-philosophie et de pseudo-histoire de la religion ". On est là devant une lecture mystique, très orientée. Et cette malhonnêteté, elle a été validée à l'époque par des élus mis devant le fait accompli, comme nous, et qui se sont réfugiés derrière l'aspect financier des choses pour ne pas exiger que la présentation du centre soit refaite. Il était pourtant évident qu'elle ne pouvait trouver l'agrément du public et qu'elle aboutirait à l'échec que l'on observe aujourd'hui. » Bernard Etêve, élu municipal d'Angles, partage les « réticences » du Pr Macchiarelli : « C'est un échec déplorable pour ce village et ses habitants. Mais un échec qui ne peut surprendre quand on sait l'opacité dans laquelle s'opèrent les décisions autour du site. » A Angles, tous les sorciers n'ont peut-être pas disparu…

Laurent Pinot
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