Oradour. L’histoire d’un massacre qui n’a pas encore pansé toutes ses plaies
La grange, où cinq hommes sont parvenus à se sauver, est l’un des symboles du martyr d’Oradour.
Photo : archives Ouest-France
Un village qui accueille des réfugiés
En 1936, la commune d’Oradour-sur-Glane, située à 22 km au nord-ouest de Limoges, compte 1 574 habitants dont 330 dans le bourg. Politiquement la commune vote à gauche. Mais en avril 1941, le maire socialiste est remplacé par une « délégation spéciale » que préside un notable médecin, ancien maire et ancien combattant de la Première guerre.
Enfin à partir de 1939, comme dans le tout le département de la Haute-Vienne, Oradour accueille divers réfugiés : des Espagnols républicains chassés par le franquisme, des évacués d’Alsace, des expulsés francophones lors de l’annexion de la Moselle en août 1940… Mais aussi des Juifs, français et étrangers, fuyant les persécutions nazies.
Un massacre préparé
Le 8 juin 1944, la deuxième division de la Waffen SS Das Reich se positionne dans les secteurs de Tulle et de Limoges pour une opération de ratissage contre la Résistance. En cette période où l’occupant allemand est en position de faiblesse, tout laisse à penser que les officiers allemands veulent réaliser une opération d’envergure qui impressionne la population et douche les élans de la Résistance.
Cette « action exemplaire » est préparée les jours précédant le 10 juin 1944 par les officiers Waffen SS et policiers SS en poste à Limoges. Des miliciens suivent les opérations.
Le récit du massacre
Le 9 juin, 99 otages sont tués à Tulle. Le 10 juin, en début d’après-midi, la troupe Waffen SS arrive à Oradour-sur-Glane et encercle le village. Elle rabat vers le village ceux qui travaillent dans les champs. Quelques personnes, apercevant les Allemands, prendront la fuite.
Dans le bourg, les Allemands séparent les hommes des femmes et enfants. Les hommes sont répartis dans les plus grandes remises ou granges d’Oradour où les Allemands ont installé des mitrailleuses. Vers 16 h, ces hommes sont abattus. Seuls cinq d’entre eux parviendront à s’échapper.
Vient le tour des femmes et des enfants qui ont été regroupés dans l’église. Les Allemands tentent de les tuer tout en détruisant l’édifice à l’explosif. Mais l’explosion ne produit pas l’effet escompté. Et là encore, les bourreaux tirent sur les femmes et enfants. Une seule femme, Mme Rouffanche, survivra, après s’être échappée par un vitrail.
Enfin, les Waffen SS pillent et incendies les maisons et brûlent les corps.
Le procès de Bordeaux
En janvier et février 1953, a lieu le procès de 21 soldats qui ont participé au massacre d’Oradour, devant le tribunal militaire de Bordeaux. Il condamne à mort, par contumace, le militaire allemand le plus gradé (qui ne sera toutefois jamais livré aux autorités françaises par la justice allemande) et le seul Alsacien volontaire du groupe.
Quatre autres Allemands sont condamnés à des peines de travaux forcés de dix à douze ans. Et Treize Alsaciens incorporés de force dans la troupe nazie sont condamnés à des peines de travaux forcés ou des peines de prison de cinq à huit ans. Un autre Allemand qui a pu prouver son absence d’Oradour le 10 juin est relaxé.
Ce procès aura été difficile et controversé. La population limousine réclame vengeance. Les avocats alsaciens invoquent la contrainte qui a pesé sur les Alsaciens incorporés de force.
Une enquête allemande en cours
Près de 70 ans après le massacre, les autorités allemandes mènent actuellement une enquête judiciaire. Avec la chute du mur de Berlin et l’accès aux archives de la Stasi (les services secrets de l’ex-RDA), six Allemands ayant participé à cette tuerie auraient été identifiés. Ils sont aujourd’hui âgés de 85 et 86 ans. En janvier dernier, les enquêteurs allemands se sont déplacés à Oradour-sur-Glane.
Dans l’immédiat, le maire d’Oradour ne sait pas où en est l’enquête.
Source de l'information et photographie : http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Oradour.-L-histoire-d-un-massacre-qui-n-a-pas-encore-panse-toutes-ses-plaies_55257-2186699_actu.Htm