On est bien loin des prothèses technologiques d’Oscar Pistorius, l’athlète déchu sud-africain. Mais la prothèse de jambe découverte par des archéologues en Chine dans une tombe du IIIe siècle avant notre ère démontre à la fois un incroyable savoir-faire technique et de solides connaissances médicales pour l’époque.

Ce qui est la plus ancienne prothèse de jambe fonctionnelle jamais découverte n’est d’ailleurs pas tellement éloignée de celles encore utilisées entre les deux guerres mondiales pour les invalides de guerre.

«Longue de 89,2 centimètres, elle comporte quatre parties. D’abord, une plaque de bois (probablement en peuplier) de 52 centimètres de longueur et jusqu’à 2,5 centimètres d’épaisseur percée de 16 trous d’arrimage montait jusqu’à la taille. Elle se prolongeait par un pilon, dont l’extrémité s’enfonce dans une corne de chèvre ou de mouton destinée à assurer le contact avec le sol. Finalement, une rondelle taillée dans un sabot d’âne ou de cheval limitait l’enfoncement du pilon dans les sols meubles», détaille le site pour la Science.

Cette prothèse a été découverte par des archéologues de l’Institut archéologique allemand qui détaillent leur découverte dans une étude parue récemment.

La nécropole où a été découverte la tombe de l’estropié se situe dans l’actuel Turkestan chinois, une région particulièrement sèche, ce qui explique la très bonne conservation de la prothèse en bois.

Dans la tombe bourrée de paille, les archéologues ont aussi découvert un peu de vaisselle et deux arcs. Mais surtout, le squelette du défunt qui leur a permis d’expliquer pourquoi cet homme a dû avoir recours à cette prothèse.

L’homme, qui mesurait au moins 1,75 mètre et était de constitution robuste, a souffert de la tuberculose. S’il y a survécu, la maladie a causé de nombreuses nécroses sur son squelette. Sur ses vertèbres et ses côtes, mais aussi sur la jambe gauche.

La maladie a provoqué une totale ankylose osseuse de son genou gauche, ce qui a littéralement soudé le fémur, la rotule, le péroné et le tibia, selon un angle de 135 degrés. Cette jambe était perpétuellement repliée vers l’arrière et l’homme ne pouvait évidemment plus se déplacer sur ses deux membres inférieurs. D’où l’utilisation de cette prothèse remarquablement bien conçue pour l’époque.

A.W.