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Archéologie poitevine
14 novembre 2013

Hors les murs, la découverte d'un rare joyau Renaissance

Indre-et-Loire, Loches

14/11/2013 05:35
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Le superbe plafond Renaissance en bois peint.

La paroisse a un nouveau presbytère. La restauration de la demeure a permis de confirmer qu’elle datait bien du XVI e  siècle. Ce qui n’avait rien de sûr…

C'est l'histoire d'une restauration qui a révélé de belles surprises. Et d'abord celle de l'origine de cette belle maison au 56 de la rue Balzac. « Il n'était pas du tout sûr qu'elle date réellement de la Renaissance. La façade aurait pu tout simplement être un pastiche plus récent », explique l'architecte en charge du chantier, Ambroise Jamin. Mais l'étude approfondie et bénévole conduite pendant trois mois sur le bâtiment par Gérard Fleury, membre de la Société française d'archéologie, a permis d'en être certain : la demeure remonte bien au XVIe siècle. A Loches, elle est ainsi l'une des très rares maisons de cette époque à l'extérieur des murailles. Depuis la mi-mai, elle sert de presbytère (lire ci-dessous).

 Le seul plafond Renaissance connu dans la ville

L'autre belle découverte se niche à l'intérieur. Sous un plafond de plâtre, puis un faux-plafond en plâtre mouluré sans doute du XVIIIe siècle, se cachait un plafond Renaissance en chêne peint. Non seulement il semble être le seul plafond Renaissance connu à Loches, mais il pourrait de surcroît lever un peu plus le voile sur les racines de la maison. On y voit en effet les lettres « PG », peintes sur les poutres. Les initiales du propriétaire originel des lieux ? La demeure est, de manière évidente, un logis bourgeois. Gérard Fleury a épluché la liste (1) de tous les notables ayant participé à l'administration municipale de Loches au cours du XVIe siècle : « Un seul notable de l'époque avait pour initiale PG. Il s'agit d'un certain Pierre Gallepied, procureur-receveur en plein milieu du XVIe siècle (2) ». On est bien dans la période où le bâtiment fut construit. Même s'il ne s'agit encore que d'une hypothèse, elle apparaît sérieuse. « De telles fonctions peuvent justifier une maison relativement prestigieuse avec un rez-de-chaussée utilitaire », comme c'est le cas du nouveau presbytère, conclut Gérard Fleury. La belle demeure de la rue Balzac est privée, mais elle appartient au patrimoine de Loches et des Lochois.

 (1) Trouvée dans un ouvrage intitulé « Histoire des guerres de religion à Loches et en Touraine » par le comte Boulay de la Meurthe. (2) Pierre Gallepied fut procureur-receveur du 11 mai 1549 au 11 mai 1552, puis « élu » du 11 mai 1558 au 11 mai 1561. Les deux « élus » constituaient l'organe ordonnateur du corps de ville, le procureur-receveur était le véritable agent d'exécution, tous les trois étant des salariés de la communauté. Les deux « élus » disparaissent en 1567, ainsi que la fonction de procureur-receveur en 1582, à la suite de la création en 1561 de la fonction de maire.

repères

La Renaissance du presbytère

Il y a une petite dizaine d'années, le presbytère se trouvait encore dans la cité royale, à côté de la collégiale Saint-Ours (ce bâtiment était ensuite devenu un restaurant-chambres d'hôtes, fermé depuis.). Puis il fut transféré place de Verdun. Avant de rejoindre, depuis mai dernier, la rue Balzac. Il se trouve désormais dans l'enceinte du centre paroissial. « L'ensemble avait jadis été légué à la paroisse par la famille d'Armaillé (qui possédait aussi le château devenu l'actuelle sous-préfecture). La partie qui fait désormais office de presbytère était restée fermée. Elle a servi de lieu de stockage pendant une dizaine d'années. La toiture, les volets et les huisseries étaient abîmés », explique le curé Benoît Menoux. La paroisse a donc financé le chantier, pour un coût total de 300.000 €. Les travaux ont duré onze mois, entre juin 2012 et mai 2013. « Nous avons essayé de trouver tous les éléments tangibles possibles afin de voir comment la maison était à l'origine et s'appuyer dessus afin de concevoir la restauration », souligne l'architecte Ambroise Jamin. Pour ce faire, il s'est appuyé notamment sur le travail bénévole de l'archéologue Denis Maljean (Par ailleurs conseiller municipal d'opposition à Loches). La façade Renaissance fut un beau défi à relever. L'architecte des Bâtiments de France a souhaité qu'elle bénéficie d'un soin tout particulier. « Il y avait les éléments sculptés au niveau du rez-de-chaussée et la frise en haut, conclut l'architecte. Au milieu, la façade était lisse. En recréant les pilastres de chaque côté de la fenêtre, nous avons restitué l'ensemble monumental sur toute sa hauteur. »

Pierre Calmeilles
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