Les conscrits de mars 1914

Vienne, Chroniques de la grande guerre

14/03/2014 05:36

En août 1914 (comme ici à Poitiers) les conscrits sont devenus soldats et s'apprêtent à partir pour le front. - (Photo médiathèque F.-Mitterrand Poitiers, fonds G. Simmat)

A la veille du conflit, la conscription reste un rendez-vous important pour les jeunes gens du département de la Vienne.

Dès le début du mois de mars 1914, les conseils de révision se tiennent dans les différents chefs-lieux de canton de la Vienne. Il s'agit d'examiner médicalement si ces jeunes gens sont aptes à accomplir leur service militaire pour ensuite, éventuellement, être capables de défendre la patrie.

Chacun a droit à un registre matricule où on consigne de multiples renseignements : date et lieu de naissance, origines familiales, lieu de résidence, données physiques (taille, poids, couleur des cheveux et des yeux, forme du visage, du nez et de la bouche) et même intellectuelles (niveau d'instruction selon une échelle arithmétique qui va de 1 à 5, le niveau le plus élevé). Depuis 1913, le service armé est passé de 2 à 3 ans après des débats houleux au Parlement. Le canton de La Trimouille «ouvre le bal », le 7 mars. Sur 75 postulants, seuls 35 sont déclarés bons pour le service. On ne peut pas dire que la proportion d'admis soit élevée. Les autres sont ajournés et devront repasser l'année suivante ou exemptés. Dans ce cas-là, l'exemption peut être définitive ou temporaire (le candidat peut à nouveau être convoqué pour le conseil de révision). Le 11 mars, à L'Isle-Jourdain, sur 91 candidats, 72 sont déclarés bons, soit 80 %. Parmi eux, les 17 d'Adriers sont pris. Les cantons de Lussac et Montmorillon ont à peu près le même nombre de futurs soldats : 76 sur 115 pour le premier nommé et 74 sur 113 pour l'autre (66 %). Dans les cantons de Mirebeau, Saint-Julien-l'Ars et Vouillé, le nouveau préfet, Antoine Marty, assiste aux opérations. Cela lui permet de prendre contact avec la jeunesse rurale du département. A Poitiers, les candidats sont répartis dans les deux cantons, les 29 et 30 mars. Au total, selon les quotidiens, 374 jeunes gens se sont présentés. Les résultats donnent 176 bons soit 47 %, 110 sont ajournés, 11 exemptés et 3 sont versés dans le service auxiliaire (garde des voies ferrées par exemple).

Désaffection pour l'armée

Cette faible proportion est-elle due au milieu urbain ? L'exemple de La Trimouille montre que le milieu rural est aussi touché par cette désaffection pour l'armée. Le Courrier de la Vienne du 8 mars signale qu'au conseil de révision de Gençay s'est présenté Germain Gagnaire, né le 10 mai 1894 à Champagné-Saint-Hilaire. Il mesure 99 centimètres et pèse 20 kg. Le quotidien ajoute : « Mais s'il est petit, Gagnaire n'est pas moins doué d'un physique agréable et d'un caractère charmant. Il est aimé de tous et remplit, avec beaucoup d'intelligence et de zèle, la profession de clerc de notaire. » Après le conseil de révision, commencent les festivités dont l'indécence, parfois manifeste, ne nous permet pas d'envisager la description.

Jacques Bouquet, docteur en histoire

Source de l'information et photographie : http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Communautes-NR/n/Contenus/Articles/2014/03/14/Les-conscrits-de-mars-1914-1829305