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Archéologie poitevine
2 avril 2014

Des résistants, victimes d'une terrible répression

Vienne - Châtellerault, Sur les traces de la manufacture

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10 novembre 1944, cérémonie funéraire du retour des corps de 11 résistants fusillés (en majorité des manuchards) vers le cimetière de Châteauneuf. - (source : Archives de la FNDIRP, Vienne)

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Jusqu’à la libération de la manufacture, la répression sévit sans répit à l’encontre des résistants, souvent au prix de leur vie

Les résistants de la Manu ont subi les coups d'un véritable système répressif. Les autorités d'occupation commanditent les arrestations et le tribunal militaire allemand prononce les condamnations à mort. La collaboration entre les polices allemandes et françaises est au cœur du système. Des agents de la Gestapo infiltrent les mouvements de résistance et tentent d'obtenir des renseignements lors des violents interrogatoires qui suivent les arrestations. Ils agissent en relation avec la Feldgendarmerie, la Sicherheitspolizei (Sipo-SD) et à partir de janvier 1943 avec la Milice de Vichy qui place ses indicateurs dans l'usine.

La délation est encouragée par le directeur qui rappelle que « le personnel a le devoir absolu de contribuer à la découverte des saboteurs ». Enfin au bout de la chaîne, les résistants internés à la prison de la Pierre-Levée à Poitiers sont soumis à la torture par des policiers français de la Section des Affaires politiques (SAP). La première vague d'arrestations a lieu le 23 juin 1941 à la suite de l'offensive allemande en URSS et vise les syndicalistes et les communistes dont Albert Giraudeau, Emile Grandin, Charles Limousin, au total 15 otages châtelleraudais en majorité de la Manu. Dix d'entre eux font partie du sinistre convoi du 6 juillet 1942 dit des « 45.000 » vers Auschwitz ; trois seulement ont survécu. Puis les arrestations se multiplient. A la suite de la manifestation du 26 novembre 1942 contre les réquisitions de personnels, 14 résistants Francs-Tireurs-Partisans sont arrêtés le 17 décembre à la Tricherie dont Marcel et Pierre Fillaud qui décèdent en déportation. Trois jours plus tard, René Gaultier subit le même sort pour détention de tracts ; il est déporté et fusillé au fort d'Oranienburg. Les exécutions s'accélèrent en 1943 : cinq manuchards fusillés à Biard le 19 juin. Les résistantes ne sont pas épargnées : quatre sont arrêtées le 17 février 1943, internées à la Pierre-Levée, transférées au fort de Romainville, puis déportées au camp de concentration de Ravensbruck d'où elles reviennent marquées à vie.

 Onze fusillés au total

Le tragique épisode du 24 mars 1944 reste inscrit dans les mémoires : 14 arrestations dont celles de Charles Plessard, fusillé à Biard, et de Pierre Mittaud*, traqué à l'issue de son évasion et repris le lendemain, mort en déportation. Les résistants de la Manu comptent dans leurs rangs 11 fusillés et la majeure partie des 76 déportés châtelleraudais. En mémoire de ces héros de la liberté, un arrêté municipal de 1947 dénomme le quai de la manufacture « quai des Martyrs de la Résistance ». Une stèle leur est dédiée ainsi que plusieurs rues de Châteauneuf.

* Lire l'article de La Nouvelle République du 25 mars 2014.

à suivre

La Manufacture d'armes de Châtellerault, une histoire sociale. C'est sous ce titre que Marie-Claude Albert, Pierre Bugnet, David Hamelin et Patrick Mortal, avec le soutien du Service historique de la Défense, ont publié en septembre dernier un ouvrage imposant sur l'histoire des hommes qui ont fait la Manu. Avec l'accord des auteurs et de l'éditeur nous avons décidé de lui consacrer une série d'articles tout au long de cette année scolaire jusqu'au mois de juin. A cette occasion, Geste Éditions vous propose de gagner des ouvrages sur la région. Pour cela, il vous suffit de découper le bulletin publié régulièrement et de le renvoyer à l'adresse indiquée.

« La Manufacture d'armes de Châtellerault, une histoire sociale (1819-1968) », chez Geste Éditions. 424 pages. 25 €

Marie-Claude Albert
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