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Archéologie poitevine
18 juillet 2014

Un morceau de la Bastille sort de 224 ans de sommeil

Deux-Sèvres, Niort, Patrimoine

18/07/2014 05:46
Mathieu Bordes, devant le morceau de Bastille reçu à Niort en 1790. Ce témoin de l'histoire, un temps égaré, a été retrouvé en 1881 dans le jardin d'une maison de la place de la Comédie. - Mathieu Bordes, devant le morceau de Bastille reçu à Niort en 1790. Ce témoin de l'histoire, un temps égaré, a été retrouvé en 1881 dans le jardin d'une maison de la place de la Comédie.                                          
Mathieu Bordes, devant le morceau de Bastille reçu à Niort en 1790. Ce témoin de l'histoire, un temps égaré, a été retrouvé en 1881 dans le jardin d'une maison de la place de la Comédie.

Hier, le musée d’Agesci a exceptionnellement sorti de ses réserves la pierre d’un cachot tirée de la démolition de la fameuse prison. Histoire pas banale.

Un beau jour de 1790, trois caisses bleues en provenance de Paris arrivent à Niort. A l'intérieur de l'une d'elles, un morceau de la Bastille. Un cadeau. Pour « propager le mythe lié à la démolition de ce qui était devenu le symbole de l'arbitraire de la monarchie absolue », explique Mathieu Bordes, au musée d'Agesci.

Cette pièce historique rare, le musée l'a sortie exceptionnellement de ses réserves hier dans le cadre de « L'art au menu », visite guidée de 30 minutes qui chaque troisième jeudi du mois, à l'heure du déjeuner, fait découvrir au public une pièce de collection.

22 mois de chantier

Cette pierre-là, en calcaire, sortie d'un cachot de la Bastille, revient de loin : elle avait été égarée, et on l'a redécouverte par hasard en 1881 dans le jardin d'une maison niortaise place de la Comédie. Tout le monde connaît la Bastille. Ou croit la connaître. Une prison à la fois politique, sociale et religieuse. On connaît moins l'incroyable histoire de sa démolition, chantier titanesque de 22 mois, achevé le 21 mai 1791, et l'histoire non moins surprenante de Pierre-François Palloy. Pierre-François Palloy, aujourd'hui, serait le roi de la pub et de la com. Il a inventé les produits dérivés et le merchandising avant l'heure. Architecte-entrepreneur, il s'est porté candidat pour démolir la Bastille. Il transforme le chantier en fabrique à souvenirs : avec le fer des chaînes, il forge des centaines de médailles souvenirs, la pierre sert à faire des encriers, des presse-papiers, des bonbonnières. « Avec des pièces de marbre a été fabriqué un jeu d'échecs pour le fils du roi. Pierre-François Palloy est allé jusqu'à faire tailler des répliques miniatures de la forteresse dans les pierres de la Bastille, qu'il a offertes gracieusement à chacun des 83 départements français qui venaient d'être créés », raconte Mathieu Bordes. C'est dans ce cadre que les Deux-Sèvres reçoivent la fameuse pierre. Elle porte l'empreinte (aujourd'hui disparue) de la main de Louis XVI. On y a gravé des extraits de la Déclaration des droits de l'homme.

Avec des bouts de Bastille on a fabriqué bonbonnières ou presse-papiers

Expert en mise en scène, Pierre-François Palloy dépêche avec les caisses un « apôtre de la liberté », chargé de lire des discours contre le despotisme. Il semble bien que le démolisseur n'ait tiré aucun profit financier de son opération de communication. Il a fait le buzz en son temps. S'il a voulu passer à la postérité, c'est raté. A Niort, il nous reste tout de même de lui ce rectangle de calcaire en forme de page d'histoire.

nr.niort@nrco.fr

Yves Revert
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