Magnac : la caverne aux trésors archéologiques
L’été, c’est la bonne période pour découvrir les trésors archéologiques de la Charente. Dont une partie est visible dans divers sites et l’autre conservée au dépôt de fouilles départemental. Visite guidée.
- Première étape, le lavage de chaque pièce, à l’eau, avec une brosse à dents. PHOTO/(Photos Phil Messelet)
- Chaque objet est ensuite rangé dans un sachet numéroté très précisément.
- Chaque lot est inventorié minutieusement, photographié, numérisé, rangé puis stocké.
- Deuxième étape, faire la photo de tout ce qui a été retrouvé à un endroit donné.
- Le chercheur charentais Vincent Ard est spécialiste de la céramique. Les tessons sur lesquels il travaille lui donnent quantité d’indices sur les modes de vie et l’environnement des hommes.
- Première étape, le lavage de chaque pièce, à l’eau, avec une brosse à dents. PHOTO/(Photos Phil Messelet)
Pour tout savoir de l’archéologie en Charente, l’été est une période propice aux visites (lire encadré). Mais il y a un site que vous ne pourrez pas voir, c’est celui du dépôt de fouilles départemental de Magnac-sur-Touvre où les chercheurs sont chez eux, mais où le public n’est que très exceptionnellement admis. CL, qui a pu y entrer, joue les guides.
C’est ici que sont stockés la plupart des matériaux collectés sur les sites de fouilles charentais. 20 000 ans d’histoire, de la grotte du Placard aux bouteilles d’encre des années 50 trouvées au collège de Mansle. "On gère tout ce qui appartient à l’État, au Département, aux communes ou aux privés qui nous confient leurs collections, résume Sandra Sicard, archéologue départementale, en charge du dépôt de fouilles. On a récupéré les fresques d’Embourie, qui ont longtemps été stockées dans des cageots, dans une grange."
Le lavage
La première étape, c’est le lavage. "Le mobilier est trié par matière: céramique, fer, os, enduits peints, raconte Sandrine, brosse à dents à la main. Certains sont trop fragiles, on n’y touche pas." "Il faut faire très attention, souligne Sandra Sicard. Parfois, le revêtement peint n’apparaît qu’après lavage et il ne faut pas le détériorer." Les objets sont mis à sécher sur des clayettes, puis remis dans des poches indiquant leur provenance.
L’inventaire
Suit alors l’inventaire. Samir, Nadège et Sandrine sortent les objets des poches, les étalent, les photographient à côté d’une échelle de dimension. Tout est répertorié avec minutie, numérisé et indexé en fonction d’une nomenclature nationale, repéré sur la zone de quadrillage où les objets ont été trouvés. Certaines pièces sont scannées en 3D, ce qui permet ensuite d’en faire des copies. Tout le matériel est ensuite rangé dans des sachets numérotés, puis dans des caisses, alignées dans l’aire de stockage. "Notre travail, c’est d’aider les chercheurs qui viennent étudier la céramique d’un site précis, note Sandra Sicard. Nous transmettons nos inventaires à l’État, pour que n’importe quel chercheur y ait accès."
La recherche
Au bout de la chaîne, les enseignants, chercheurs, archéologues, étudiants, universitaires, prennent leurs quartiers à Magnac. Vincent Ard, chercheur, étudie à la loupe quelque 10 000 tessons venus, exceptionnellement, de Vendée. Si tout se ressemble aux yeux du profane, ils révèlent pour lui des tonnes d’informations. "Ça nous renseigne sur l’environnement, les pratiques culinaires. Si on voit des dépôts de suie, ça veut dire que cela a été utilisé pour la cuisson. Cette céramique est plutôt grossière, c’est une production du quotidien, domestique, qu’on fabrique au fur et à mesure des besoins." Il insiste: "Il faut savoir que l’examen des matériaux issus de trois semaines de fouilles peut prendre six mois." Une fois l’étude achevée, le chercheur remet tout, méthodiquement, dans les caisses qui rejoignent la zone de stockage. Il n’a plus qu’à rédiger son rapport et les publications, parfois cinq à dix ans après la fouille. L’archéologue s’accommode mal de l’urgence.