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Archéologie poitevine
26 novembre 2008

Camp Allaric s'expose à Poitiers (86)

Les Musées de la ville de Poitiers (Vienne) et de la Société des Antiquaires de l’Ouest organisent au Musée Sainte-Croix du 4 décembre 2008 au 1er juin 2009, une exposition sur l’habitat fortifié du Camp Allaric, à Aslonnes (Vienne). Coordonnée par Catherine Buret (conservatrice des collections pré et protohistoriques, Musée Sainte-Croix) et Christophe Maitay (assistant de conservation, Musée Sainte-Croix et UMR 6566), cette exposition vise à présenter à un large public les structures et le mobilier issus des fouilles archéologiques conduites sur le site depuis 1967. Elle marque l’aboutissement d’une étroite collaboration entre le Musée Sainte-Croix, antenne régionale de l’UMR 6566, et les responsables des fouilles, Jean-Pierre Pautreau, puis, depuis 2001, Christophe Maitay.

« Feux de camp »
      
Un site de  hauteur : le Camp Allaric

Musée Sainte-Croix, du 4  décembre 2008 au 1er juin 2009

L’exposition présentera le matériel archéologique issu des fouilles du Camp Allaric (Aslonnes, Vienne). Il s’agit d’un éperon rocheux occupant l’extrémité sud-ouest du plateau de Thorus, sur la rive droite de la Clouère, avant son confluent avec le Clain. Il est mentionné par A. Touzé de Longuemar en 1862, nommé d’abord « oppidum de Palerme » puis « oppidum de Biberon ».

L’intérêt exceptionnel de ce site tient à plusieurs  facteurs.

Sa situation géographique au seuil du Poitou lui permet d’occuper un couloir naturel entre le Massif armoricain et le Massif central et d’être un passage entre le Bassin aquitain et le Bassin parisien, donc un lieu privilégié pour les échanges.

Sa situation topographique de hauteur confère à ce camp de plus de deux hectares, déjà protégé naturellement et équipé de dispositifs de défense (levée de terre, fossés, rempart) une excellente position stratégique.
Dans un contexte archéologique dense (mégalithes du plateau de Thorus, tumulus du Clos de Biberon aujourd’hui disparu, sépultures de Laverré), le Camp Allaric a connu une succession de cultures depuis la fin du Néolithique jusqu’au second âge du Fer.

Les fouilles menées par Jean-Pierre Pautreau entre 1967 et 1993, reprises par Christophe Maitay de 2002 à 2005, ont livré un abondant mobilier en cours d’étude et de restauration, objet de conventions entre les musées de Poitiers et l’UMR 6566 de l’Université de Rennes 1 ainsi que la commune d’Aslonnes.

Deux phases d’occupation de la fin du Néolithique (fin du IIIe millénaire) ont été reconnues, l’une plus ancienne attribuée au « groupe Vienne-Charente » et l’autre de la « culture ou civilisation d’Artenac ». Elles ont livré un outillage en silex dont un poignard ainsi que des séries d’armatures de flèches, des haches et des parures en roches métamorphiques importées. La céramique, bien que fragmentée, nous donne une idée de la richesse des décors (incisions, pointillés). L’outillage osseux (poinçons, aiguilles), de même que la faune, est bien conservé.

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Des niveaux du Bronze final (III a ou III b archaïque et III b classique : environ 1000-800 av. J.-C.), nous sont parvenus les vestiges  d’un atelier de fondeur dont un creuset en bon état. Le mobilier métallique comprend de petits objets en alliage  cuivreux : parures (épingles, perle, bouton), armes (armatures de flèches), éléments divers (tiges, anneaux, appliques…). On remarque une épingle à tête globuleuse dont une partie de la tige porte un décor géométrique incisé. A la même époque, on peut rattacher la découverte ancienne de l’épée de type langue de carpe provenant de Bapteresse (collection de la S.A.O.). La céramique à pâte généralement fine et homogène comporte des vases à panse ovoïde et col évasé, des gobelets en bulbe d’oignon, des écuelles et beaucoup de jattes à col vertical. Il existe des décors incisés et/ou peints (rouge et noir), notamment ce fragment de vase à peinture rouge portant une frise en damiers et également des figures en incision de silhouettes anthropomorphes et de signes géométriques : pictogrammes, anthropomorphes1 et de signes géométriques : pictogrammes (fig. 2). Ces décors sont à rapprocher de ceux des vases de Rancogne (Charente) et de Sublaines (Indre-et-Loire). En terre cuite également, deux étonnantes figurines modelées représentant des quadrupèdes ont donné lieu à plusieurs interprétations : jouets, maquettes, statuettes. On trouve aussi des éléments de parures en terre cuite : bracelets, perles.
Des structures d’habitat attestées sur le terrain par des trous de poteau (chêne) et des traces de branchage (frêne) ainsi que des fragments de torchis ont conservé les vestiges du travail du métal ainsi que d’activités domestiques (fusaïoles).

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L’occupation du premier âge du Fer (± 800/750-450 av. J.-C.) est un des plus riches de l’Ouest. Dans le matériel métallique, les objets en bronze perdurent (bracelet, torque, fibule). Le fer se généralise sous forme d’outils (couteaux, scie), d’armes (pointe de javeline). C’est aussi à cette période qu’on rencontre les premiers exemples de céramique peinte au graphite. Le répertoire de leurs formes est d’abord dans la continuité de celles du Bronze final mais inclut aussi des vases à profils plus anguleux, carénés, des récipients biconiques, des plats creux à parois rectilignes. Le décor géométrique de ceux-ci est extrêmement varié. Les analyses physico-chimiques des pâtes et des pigments permettent de déterminer leur composition précise (oxyde de fer de type hématite). Une vitrine est consacrée à ce matériel, sujet de la thèse de doctorat de C. Maitay, soutenue en 2007 à l’Université de Rennes 1.
En terre cuite également, une lampe à huile portant des traces de combustion est un témoin de la vie quotidienne, ainsi que des morceaux de clayonnage et de soles de foyer, vestiges exceptionnels d’un habitat dont une partie a été comme « fossilisée » par un incendie.
La parure en lignite (matière organique fossilisée) déjà présente à l’âge du Bronze, se développe : torques, brassards, bracelets portant parfois un décor géométrique. Des perles fragmentaires en ambre prouvent aussi les préoccupations esthétiques des habitants du Camp Allaric et probablement les échanges à longue distance.
Du second âge du Fer subsistent des fragments de céramique  gauloise et d’amphores italiques.

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Cette exposition-dossier conçue comme un volet d’une série « Que réserve le musée ? Des origines aux premiers Celtes » sera accompagnée de conférences, d’ateliers (début 2009) et donnera lieu à l’édition d’un livret-guide (48 p.).

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