Géopolitique du Bas-Maine féodal et grégorien
Prieurés bénédictins, aristocratie et seigneuries : une géopolitique du Bas-Maine féodal et grégorien (fin 10e-début 13e siècle)
par Sébastien Legros (CERHIO - Centre de recherches historiques de l'Ouest)
L'étude des prieurés bénédictins du Bas-Maine est réalisée en deux
temps dans une perspective de géographie politique. La première partie
du travail envisage l'apparition des établissements et analyse chaque
fondation comme un processus étiré dans le temps et très contrôlé :
l'étude s'attache ici à présenter les antécédents historiques et les
caractéristiques géographiques des sites d'implantation, la sociologie
des partenaires sollicités par les moines et la chronologie de leur
action qui, entre 1040 et 1130, recoupe largement l'évolution politique
générale. L'analyse de la terminologie prieurale, relativement
fluctuante, incite à voir dans l'apparition du terme de « prieur » un
indice de consolidation des maisons. La seconde partie du travail
s'attache plus spécifiquement à mettre en relation le fait prieural
avec le monde politique et à analyser l'évolution des rapports entre
les moines et l'aristocratie. Une histoire en deux temps se dessine à
cet égard : dans une première phase d'association, les prieurés ont
sanctionné et renforcé la légitimité de la domination seigneuriale de
leurs partenaires aristocratiques ; dans ce cadre, ils se sont laissés
instrumentaliser dans les luttes féodales. Parallèlement intégrés au
projet grégorien de monachisation du monde, ils se sont aussi
constitués comme des seigneuries libres qui, à la charnière des 11e et
12e siècles, ont paru excessivement concurrencer celles de leurs
bienfaiteurs laïcs. Les relations entre les moines et l'aristocratie
sont alors entrées dans une phase de dissociation, tandis que la montée
de la puissance royale envenimait également les relations entre les
seigneurs laïcs et les prieurés.
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