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Archéologie poitevine
21 avril 2013

Les tombes de la rue Hugo ont livré leurs secrets

Deux-Sèvres-Niort - Patrimoine

21/04/2013 05:46

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Céline Trézéguet, archéologue municipale, a mené cette longue enquête avec Claudine Allag. « Si vous avez envie d'écrire un roman, il y a matière. »

Les archéologues ont réussi à faire parler les pierres tombales mises au jour lors des travaux du centre-ville, au terme d’une véritable enquête policière.

Stupéfaction, cet après-midi du 17 mai 2011 : rue Victor-Hugo, les dents des pelleteuses mécaniques, lors des travaux de refonte du centre-ville, mordent dans un couvercle de sarcophage. Une pierre tombale, puis deux… puis six, des XVIIe et XVIIIe siècle. Deux autres sont découvertes quatre mois plus tard.

Énigme. Les archéologues lancent leur enquête. Et c'est le résultat de ce long travail d'investigation que Céline Trézéguet et Claudine Allag, ont livré cette semaine lors d'une conférence de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres. « Si vous avez envie d'écrire un roman, il y a matière », sourit Céline Trézéguet.

" Les historiens sont toujours très indicrets : quand on trouve le nom de quelqu'un on va fouiller "

Comme dans tout bon roman policier, le seul indice est un message dont il manque une bonne partie des mots : les inscriptions à demi effacées sur les pierres. Un document a tout de même permis de savoir ce que ces monuments funéraires faisaient là : il a été une époque où on s'est servi des tombes de la paroisse Saint-André pour couvrir les égouts ! Au terme d'un véritable jeu de piste, Céline Trézéguet et Claudine Allag ont remonté le fil de l'histoire personnelle de chacun des défunts. « Les historiens sont toujours très indiscrets : quand on trouve le nom de quelqu'un, on va fouiller. » Muet comme une tombe, dit-on. Mais les registres paroissiaux, les actes de naissance, les actes de mariages, s'avèrent très bavards pour qui sait les faire parler. Et le microcosme des défunts identifiés, s'avère au final un reflet très précis, en modèle réduit, de la société niortaise de l'époque.

Une colline Saint-André grouillante de monde

On trouve là un fabriquant de voile – le port de Niort procurait alors beaucoup d'emplois, les navires de haute mer s'arrêtant à Marans et des gabares prenant le relais – des gens travaillant dans le textile ou la chamoiserie, une famille de petite noblesse d'origine protestante, tous vivant sur une colline Saint-André qu'il faut imaginer grouillante de monde, rappelle Claudine Allag : « Beaucoup de gens travaillaient devant leur porte, dans la promiscuité et toute une vie de quartier intense. »

Déjà une femme cougar !

Les Niortais d'alors sont bien moins conformistes qu'on le croirait. Ainsi, ce jeune homme de 24 ans qui se marie avec une femme de onze plus âgée. Réprobation de la famille. Cette femme cougar avant l'heure, aura un petit-neveu, le fameux Thomas-Jean Main, à l'origine de la révolution industrielle qui porta la chamoiserie niortaise à son âge d'or : « Une belle revanche sur le mépris dont la famille de Marie Main a été l'objet au départ », note Claudine Allag. Autre idée battue en brèche : malgré une espérance de vie réduite, on comptait tout de même des centenaires sur la colline Saint-André. On a même retrouvé la trace d'un homme remarié à 99 ans et mort dix-huit mois plus tard.

nr.niort@nrco.fr

Yves Revert
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