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Archéologie poitevine
18 août 2013

Pas de pont du 15 août pour les archéologues

Deux-Sèvres, Saivres

18/08/2013 05:46
 
Paysage de vacances pour Énora, ce trou taillé au carré dont elle extrait des silex enfouis à quelque 60 cm. Une fois lavées, ces pierres sont triées pour ne garder au musée de Bougon, que celles qui ont été taillées.                      
Paysage de vacances pour Énora, ce trou taillé au carré dont elle extrait des silex enfouis à quelque 60 cm. Une fois lavées, ces pierres sont triées pour ne garder au musée de Bougon, que celles qui ont été taillées.

A Saivres, un archéologue dirige une petite équipe d’étudiants et de bénévoles en quête d’une activité paléolithique en sud Deux-Sèvres. Bonne pioche !

Un champ de colza récolté depuis quelques semaines en lisière d'hectares de maïs, entre la route de Saivres à Saint-Maixent et l'école militaire. C'est là, aux Terrières, qu'une toile de tente a été plantée, et que des rubans blanc et rouge semblent délimiter un chantier. Il faut vraiment approcher pour débusquer une activité humaine : trois personnes d'abord enfouies à 60 cm de la surface, puis deux autres plus loin à peu près dans la même strate, creusent méticuleusement chacun deux mètres carrés du champ. Bernadette, bénévole en retraite, trois étudiants – Énora, Jérémy et Zoé – et deux universitaires – Benoît Chevrier, docteur en préhistoire à l'université de Nanterre, et attaché de recherches à l'université de Genève, ainsi que sa compagne Anaïs Casaubon, médiéviste – sacrifient leurs vacances à leur passion, sur ce chantier de fouilles archéologiques.

Un atelier de pierres taillées ?

En passant là 15 jours, plongés dans leurs trous à creuser à la truelle et à déterrer des pierres au pinceau, ils arriveront à la fin de l'été avec un bronzage sur une seule face, celle du dos. Mais ils trouvent leur bonheur différemment. Dans celui d'abord d'être les premiers à mener des fouilles paléolithiques dans le sud Deux-Sèvres. Celles-ci s'inscrivent dans un programme de recherches sur le paléolithique moyen (entre moins 300.000 et moins 40.000 années avant JC), et sont destinées à vérifier si les découvertes effectuées en surface, notamment par Christian Thébault, agriculteur d'Augé passionné de préhistoire, se confirment en sous-sol. Bonne pioche : à un niveau archéologique, ils sont tombés sur un gisement de silex d'une importance telle, qu'il aurait pu attirer l'homme de l'époque du paléolithique moyen. « On aurait pu ne rien trouver », affirme Benoît Chevrier. « Il y a eu là possiblement une fabrique, un atelier d'outils de subsistance liée à la chasse, et on ne peut pas exclure l'idée d'un site de vie… » Benoît Chevrier ne va pas dater cette année le fruit des recherches menées par sa petite équipe. Il reviendra l'année prochaine, pour investiguer cette fois dans le champ de maïs, et tenter de trouver le graal : des silex taillés en « trifacial », un mode de production lithique très original, jusqu'à présent uniquement attesté en Dordogne. Des avant-gardistes, nos ancêtres ?

nr.niort@nrco.fr

Philippe Micard
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