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Archéologie poitevine
5 février 2014

Et soudain, la lumière dans l'enfer

Deux-Sèvres, Niort -                               

05/02/2014 05:35
 

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Louise Moaty, lors de sa visite dans l'atelier de décors du Moulin du Roc qui a fabriqué celui du « Kaiser von Atlantis ». - (dr)

Terezín. L'un de ces noms appelés à mortifier l'humanité pour toujours. Le camp de transit vers l'horreur d'Auschwitz, et de concentration de Theresienstadt, imaginé par la gestapo à 80 km du quartier juif de Josefov à Prague (République tchèque) et mis en œuvre frénétiquement par le premier des SS, Reinhard Heydrich, n'aura pas empêché l'homme, l'humain, le vrai, d'éclairer la terre d'espoirs. Comme on se raccroche à la vie, des artistes passés, trépassés même à Theresienstadt, avaient encore à dire de leur « plus rien à perdre ». Ce fut la résistance par les arts. Dans ce Yiddishland créatif, Viktor Ullmann écrivit « Der Kaiser von Atlantis » en 1943, opéra redécouvert voici une quarantaine d'années. La pièce lyrique en un acte, chantée en allemand et surtitrée en français, la musique d'Ullmann, sur un livret de Peter Kien, a été mise en scène par Louise Moaty. Le tout interprété par l'ensemble international Ars Nova, sous la direction musicale de Philippe Nahon.

" C'est ce qui me porte aujourd'hui "

De sa plongée in situ, parmi les fantômes de Theresienstadt à la mise en scène, Louise Moaty, victime « d'un coup de foudre », explique-t-elle, quand un ami lui a présenté l'œuvre, a mis beaucoup de son âme. Comment s'emparer d'un héritage si lourd pourtant ? « On ne peut pas se débarrasser du contexte. Mais c'est une pièce qui transcende, qui va au-delà. Ce n'est pas un témoignage, il fallait aller plus loin, vers la poésie. L'œuvre a une telle force, une telle capacité à nous emmener au-delà avec sa propre existence, qu'elle a grandement aidé à s'affranchir du contexte. J'ai été extrêmement touchée par la poésie qui s'en dégage », répond Louise Moaty, ses grands yeux clairs illuminés par la lumière universelle de Viktor Ullmann. Question obsédante, comment la lumière du génie a-t-elle pu jaillir, dans les abîmes terrifiants de ce sinistre enfer ? « La culture était le seul véritable reste de vie… et quand on perdait tout, c'était la seule chose qui restait. C'est ce qui me porte aujourd'hui », répond Louise Moaty. Après « Le Dernier des injustes », de Clauze Lanzmann, projeté début décembre sur le grand écran du Moulin du Roc, après « Les Jours heureux » de Gilles Perret, présenté ce mercredi soir (20 h) en présence du réalisateur pour une rencontre publique à l'issue, la scène nationale de Niort poursuit son combat. Cela se passe en profondeur, contre les dangers de l'oubli. Et c'est fort bien.

« L'Empereur d'Atlantis » ou la mort abdique, lundi 11 février, à 20 h 30, au Moulin du Roc, boulevard Main, à Niort. Tarifs de 18 à 36 €. Tél. 05.49.77.32.32.

S.A.
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