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Archéologie poitevine
23 avril 2008

Archéologie des pollutions : nouvelles pistes de recherche

Voilà qui peut intéresser aussi bien les archéologues que les écologistes de la région melloise (Deux-Sèvres), marquée par une exploitation de la galène argentifère à la période carolingienne...

La pollution n'est pas l'apanage de l'homme moderne. Déjà dans l'Antiquité, les industries dégradaient l'environnement. De récents travaux d'archéologues, de chimistes et de paléobotanistes montrent même que leurs rejets furent parfois très importants. L'équipe de Fabrice Monna, à l'université de Dijon, a en effet réalisé des carottages sur une tourbière située près de l'oppidum celtique du mont Beuvray, dans le Morvan. Sa conclusion: 20% du plomb se trouvant aujourd'hui dans ce marécage proviendrait de mines proches, exploitées de la fin de l'âge du bronze à l'Antiquité. Le reste serait dû à d'autres gisements en activité à partir du XIe siècle.

Fondée en 180 avant Jésus-Christ, l'ancienne ville de Bibracte a été occupée par la tribu des Eduens jusqu'en 25 après Jésus-Christ. Le site, bien connu, a été abondamment étudié. Mais, en 2000, des archéologues découvrent d'étranges marques dans le sol à proximité de la cité celtique: ressemblant à des tranchées, elles pourraient être des restes de mines antiques. Comment le prouver? Par l'impact sur l'environnement, répondent Fabrice Monna et ses collègues. En recherchant, dans une tourbière, le plomb issu des fumées que devait nécessairement dégager cette industrie, ils ont pu établir une chronologie du dépôt de ce métal au cours des siècles. Surprise des chercheurs: l'activité minière de la région a démarré en 1300 avant Jésus-Christ. Et l'essentiel de la pollution aurait été produit avant le début de l'ère industrielle.

L'activité humaine n'apporte pas de changement dans les quantités de plomb existantes (ni création, ni suppression) mais elle change la répartition du plomb entre les compartiments abiotiques et biotiques de l'environnement, sa spéciation et sa concentration. Le plomb est désormais présent dans tous les compartiments de l'environnement.

A HISTORY OF MINING ACTIVITY IN CELTIC AEDUAN TERRITORY, AND ITS ENVIRONMENTAL IMPACT (MORVAN ˝U FRANCE), Monna, F., Petit, C., Guillaumet, J.-P., Jouffroy, I., Blanchot, C., Dominik, J., Losno, R., Richard, H., Lévêque, J., Geophysical Research Abstracts, Vol. 5, 08330, 2003


MODELING LEAD INPUT AND OUTPUT IN SOILS BY USING LEAD ISOTOPIC GEOCHEMISTRY, Semlali, R.M.; Dessogne, J.B.; Monna, F.; Bolte, J.; Azimi, S.; Denaix, L.; Loubet, M.; van Oort, F., Geophysical Research Abstracts, Vol. 5, 08350, 2003


Isabelle Jouffroy-Bapicot Contact Information, Maria Pulido, Sandrine Baron, Didier Galop, Fabrice Monna, Martin Lavoie, Alain Ploquin, Christophe Petit, Jacques-Louis de Beaulieu and Hervé Richard, Environmental impact of early palaeometallurgy: pollen and geochemical analysis, Vegetation History and Archaeobotany, Volume 16, Number 4 / mai 2007

PDF (583,7 KB)

Abstract  Interdisciplinary research was carried out in mid-level mountain areas in France with the aim of documenting historical mining and smelting activities by means of pollen and geochemical analyses. These investigations were made on cores collected in French peatlands in the Morvan (northern Massif Central), at Mont Lozère (southern Massif Central) and in the Basque Country (Pyrénées). Different periods of mining were recognised from Prehistory to modern times through the presence of anthropogenic lead in peat. Some of these were already known from archaeological dates or historical archives, especially for mediaeval and modern periods. However prehistoric ancient mining activities, as early as the Middle Bronze Age (ca. 1700 b.c.), were also discovered. They had all led to modifications in plant cover, probably related in part to forest clearance necessary to supply energy for mining and smelting.


F. Monna, C. Petit, J.-P. Guillaumet, I. Jouffroy-Bapicot, C. Blanchot, J. Dominik, R. Losno, H. Richard, J. Lévêque, and C. château. History and environmental impact of mining activity in celtic aeduan territory recorded in a peat bog (Morvan, France).Environmental Science and Technology, vol. 38, n°3, 2004, p. 665-673

L’installation et les raisons de la prospérité de l’oppidum éduen de Bibracte sur le Mont-Beuvray (Morvan-Bourgogne), dans une région difficile d’accès et au climat rude, posent toujours question. La découverte de grandes tranchées antérieures à l’installation de l’agglomération, qui pourraient résulter d’exploitations de minerai à ciel ouvert, a amené à envisager le rôle déterminant de l’activité métallurgique sur l’installation humaine dans cette région. L’analyse palynologique et géochimique (isotopes du plomb) d’une carotte de tourbe issue de la tourbière du Port-des-Lamberts (Glux-en-Glenne 58), située à environ 5 km du Mont-Beuvray, a donc été entreprise dans cette optique. La confrontation entre diagramme pollinique et courbe de teneur en plomb anthropique de la tourbe montre de remarquables corrélations : des défrichements drastiques, touchant notamment le hêtre, correspondent à des phases d’apport en plomb anthropique. La première phase d’activité métallurgique mise en évidence remonte à l’âge du Bronze final, environ 1300 ans av. J.-C. Les extractions de minerai de plomb atteignirent leur plus haut niveau à l’âge du Fer, apogée de la civilisation des éduens et déclinèrent après la conquête de la Gaule par les Romains, quand le site fut abandonné. D’autres phases d’exploitation minières sont identifiées, depuis le XIè siècle jusqu’aux temps modernes.

Environ 20% du plomb anthropique a été déposé avant notre ère, et 50% avant le XVIIIè siècle. Ces données
paléoenvironnementales montrent l’impact anthropique très important des activités industrielles passées de cette région, devenue aujourd’hui l’une des moins industrialisées de France. Cet héritage devrait être pris en compte dans les évaluations de la qualité de l’environnement pour ne pas surestimer l’impact des pollutions contemporaines.

Contact :
Fabrice MONNA
Laboratoire Géosol
Université de Bourgogne
Bât. Gabriel
21000 DIJON
fabrice.monna@u-bourgogne.fr

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