Le PC de la Vienne fête ses 90 ans
Alors que le Parti communiste français va fêter son 90e anniversaire, Paul Fromonteil témoigne de l’influence de son parti dans l’histoire politique de la Vienne :
La première femme députée de la Vienne était communiste et garde-barrière. « C’était une Loudunaise, Isabelle Douteau, elle a siégé de 1946 à 1951. Dans l’hémicycle, elle n’hésitait pas à interpeller vertement Paul Reynaud (ministre de l’Économie nationale et des Finances), raconte Paul Fromonteil. A l’époque, le département a eu deux autres députés communistes : l’instituteur poitevin Alphonse Bouloux et le maire de Gouëx Fernand Maillocheau. »
A l’occasion du 90e anniversaire du congrès de Tours (décembre 1920), acte de naissance du Parti communiste français, l’ex-conseiller régional (Paul Fromonteil a été secrétaire de Georges Marchais, et élu à la mairie de Châtellerault et conseiller régional) a puisé dans sa mémoire et les archives « pour témoigner ce que le parti a apporté à la politique locale ».
Trois députés, mais aussi huit conseillers généraux, après la
Seconde guerre mondiale : Raymond Brunet à Availles-Limouzine, André
Rideau à l’Isle-Jourdain, Robert Bon à Lussac-les-Châteaux, Jean-Pierre
David à Chauvigny, Michel Brouard à Saint-Savin (toujours conseiller général de Saint-Savin), Robert Sauvion à
Châtellerault, Emmanuel Chambord à Pleumartin, Gérard Archambault à
Lencloître. « Au-delà du clivage politique, ces militants communistes étaient reconnus pour leurs compétences de proximité, explique Paul Fromonteil. A l’époque, le PC était un parti de gouvernement dont les membres étaient issus des couches populaires. »
Pourquoi
les communistes ont-ils percé électoralement dans le Montmorillonnais
rural et le Châtelleraudais ouvrier, avec des scores à 30 % ? « Parce qu’à l’époque, les communistes ont amélioré la vie des gens », assure Paul Fromonteil. « En
1946, la loi fixant le statut du métayage et du fermage, portait
l’empreinte du PC. A partir de ce jour-là, le cultivateur n’a plus été
obligé de porter la moitié de sa récolte au château. » Dans les usines, le PC était considéré comme le promoteur des congés payés et des conventions collectives. « Un parti de transformation sociale », résume Paul Fromonteil.
Le PC est-il encore capable de changer les choses ? En 2007, la dernière présidentielle l’a placé en dessous des 3 %. Et demain ? « L’analyse marxiste n’a jamais été aussi pertinente qu’aujourd’hui face au capitalisme financier », estime le Châtelleraudais. « L’idée communiste peut répondre aux attentes actuelles. Un communisme qui reviendrait à ces fondamentaux : l’émancipation, le partage des pouvoirs, des savoirs et des richesses. » Le militant garde espoir. Mais reverra-t-on une garde-barrière devenir députée ?