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Archéologie poitevine
10 décembre 2012

Sur la piste des secrets du Sorcier

Article original avec photographie : http://www.sudouest.fr/2012/12/09/sur-la-piste-des-secrets-du-sorcier-903760-726.php

Publié le 09/12/2012 à 06h00 | Mise à jour : 09/12/2012 à 09h59
Par Hervé chassain

Une équipe de chercheurs s'est installée dans la grotte de Saint-Cirq du Bugue pour étudier ses gravures.Grâce à des éclairages rasants et à un échafaudage, l'équipe fait un relevé complet des gravures de la voûte. (photo arnaud loth)

 «Dans une grotte, on est un peu comme dans le ventre de la mère », remarque Romain Pigeaud. Il n'hésite d'ailleurs pas à comparer à « une grosse vulve », le creux de pierre de cette petite caverne de Saint-Cirq du Bugue, où les hommes préhistoriques ont gravé de nombreuses figures. La plus remarquée étant celle d'un être humain au gros ventre doté d'un impressionnant sexe en érection. L'abbé Glory, célèbre préhistorien du XXe siècle, avait baptisé ce personnage, on ne sait pourquoi, le Sorcier.

Cette grotte, longuement étudiée dans les années 1980 par les Périgourdins Brigitte et Gilles Delluc, avait fait l'objet d'un gros travail de relevés. Depuis trois ans, il est repris chaque année par une jeune équipe de chercheurs que dirige Romain Pigeaud, à la fois docteur en préhistoire au Muséum et éditeur (il s'occupe d'Errance, spécialisée dans l'archéologie). Des recherches permises par le propriétaire Jean-Max Touron, toujours ravi par les éventuelles découvertes.

Revoir la datation

La campagne 2012 vient de s'achever, en compagnie de Florian Berrouet, Estelle Bougard, Pascaline Gaussen et Pascal Bonic. L'évolution du matériel photographique et de l'éclairage permet de mieux relever les gravures. « Nous ne sommes pas historiens de l'art, tout nous intéresse, même les traits qui pourraient paraître sans intérêt », précise Romain Pingeaud. La suite des relevés se fait toujours sur des calques… Les superpositions des traits des différentes époques sont d'une lecture complexe. Dans quelques années, scanner les parois en trois dimensions permettrait d'aller un peu plus loin. À condition de trouver les financements.

« Ce travail est aussi intéressant pour revoir la datation des décors de la grotte. » Il y a plusieurs époques, entre du magdalénien moyen (vers 17 000 ans) et du gravettien (vers 22 000 ans). Les bas-reliefs (chevaux, bisons) de l'entrée ont des similitudes avec ceux de Cap Blanc, aux Eyzies ; les gravures du fond (le Sorcier, des figures féminines, un félin…) sont plus proches de Cussac, au Buisson-de-Cadouin.

Une étrange gravure

La vedette est évidemment ce Sorcier, qui reste énigmatique. Il renforce le côté sanctuaire de cette grotte qui n'était pas facile d'accès. « Mais les hommes ont dû y venir durant des millénaires, ce qui explique les palimpsestes (superpositions). » Le Sorcier pourrait même avoir comme base une figure animale.

Les chercheurs doivent ramper sur la corniche pour approcher cette étrange gravure, alors que les visiteurs la voient dans un miroir. Son surnom fait hausser les épaules aux préhistoriens. André Leroi-Gourhan, l'éminent spécialiste de la préhistoire, déplorait que certains cherchent avec « des mots vides d'un sens précis, les précisions que les figures n'apportent pas ».

Le résultat des travaux dans la grotte de Saint-Cirq sera bientôt publié dans la revue « Paléo » du musée des Eyzies. « On arrive toujours à trouver de choses nouvelles », expliquent les chercheurs. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils cherchent.

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