Quel trésor sous la motte de Saint-Quentin-de-Chalais?

Le 21 octobre à 06h00 par Pascal HUORD 

Les historiens de Saint-Quentin ont mis au jour des vestiges importants en 2004. Interdits de fouilles depuis, ils sont parvenus à intéresser l'État à ces recherches.

Le maire Joël Papillaud (à droite) et René Albert, le copropriétaire de la motte castrale, respirent à nouveau. Le service régional. PHOTO/Photo CL

Vous vous rendez compte? On a failli être traîné en correctionnel. Tout juste si l'on n'a pas été traité de voyous pour avoir fait des fouilles clandestines", se souvient, cinq ans après, Ghyslaine Goudet.

Aujourd'hui, elle respire. Car si l'ancienne conservatrice de l'archéologie avait montré le bâton, Didier Delhoume, son successeur, s'est rendu sur place récemment pour dire tout le bien qu'il pense de ces premières découvertes apparemment prometteuses: "Il s'agit sans doute de l'une des plus belles mottes castrales du département et peut-être de la région. Et en très bel état de conservation".

L'archéologue estime qu'il s'agit d'un site "occupé sur une longue période, à partir du Xe siècle et jusqu'au XVI ou XVIIe siècle."

Cette motte domine toute une vallée et avait une vocation défensive. "Des premières périodes d'occupation, il reste peu de traces. Si l'on décapait, on trouverait peut-être des éléments intéressants", indique l'archéologue, qui estime à partir des fragments encore présents qu'il y avait un bâtiment assez haut: "sans doute un château".

Il a également repéré les traces d'un pont dormant qui devait relier le centre de la motte à ce que les médiévistes appellent la basse cour (1). Ce qui confirme la durée d'utilisation d'une part et l'importance du site d'autre part.

Depuis, Didier Delhoume a commencé à chercher des documents écrits pouvant se rapporter à cet endroit. "Les quelques sources nous renseignent sur les propriétaires, mais pas directement sur le site", explique-t-il.

Autant d'informations qui rassurent Joël Papillaud, le maire de Saint-Quentin-de-Chalais, avec l'espoir qu'une nouvelle page d'histoire pourra être écrite.

À Saint-Quentin, tout a commencé lors de la création du club d'histoire. Au départ, c'était pour mettre au jour et restaurer le puits dans la nef de l'église.

Des pièces de monnaie

Forte de ce premier succès, la petite équipe de passionnés a voulu aller plus loin, en grattant du côté de cette motte au lieudit "Puygoyon", où l'on se disait qu'il y avait peut-être autre chose que des refuges pour blaireaux et des terriers à lapins. C'était en 2004.

On savait qu'il y avait des cavités, dissimulées par des tonnes de terre. "On a commencé par dégager l'ouverture qui était totalement obstruée. Et c'est là que l'on a découvert cette grande voûte, travaillée par l'homme. Et surtout de l'autre côté on a trouvé 17 marches taillées dans le roc", s'émerveille René Albert, le copropriétaire de ce terrain. En dégageant la terre, chaque samedi après samedi pendant un an, les chercheurs ont découvert des tessons de poteries, une boucle de ceinture, une clé, et surtout des pièces de monnaie.

"Sauf que nous avons été dénoncés", regrette Joël Papillaud. Et que la conservatrice régionale de l'archéologie de l'époque leur a interdit de poursuivre leurs recherches. "C'était très frustrant, parce que l'on se doutait que nous vivions à côté de quelque chose d'important sans pouvoir le savoir", explique Joël Papillaud.

Aujourd'hui, il est rassuré par le diagnostic de l'archéologue et se prend à rêver d'une possible valorisation du site, si des fouilles complémentaires confirment ce bilan.

(1) Cour entre deux enceintes comprenant des dépendances, les écuries, les étables et une habitation provisoire en cas d'attaque.

TAGS Saint-Quentin-de-Chalais, Archéologie

Source de l'information et photographie : http://www.charentelibre.fr/2013/10/21/quel-tresor-sous-la-motte-de-saint-quentin-de-chalais,1861361.php